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À l’avant-garde de l’innovation et de la durabilité : Pour une politique sur la recherche agricole, l’innovation et le développement pour l’avenir

« Nous, les ministres de l’Agriculture du G20, sommes déterminés à relever le défi que représentent la sécurité alimentaire et la nutrition pour une population mondiale qui devrait se chiffrer à neuf milliards de personnes d’ici 2050. Nous soulignons qu’étant donné les pressions intensifiées exercées sur les ressources naturelles et la biodiversité ainsi que les répercussions du changement climatique, nous devrions accroître la productivité tout en évoluant vers des systèmes alimentaires qui soient plus durables dans toutes leurs dimensions, économiques, sociales et environnementales… » (Communiqué final, réunion des ministres de l’Agriculture, Istanbul, le 8 mai 2015) (trad.)

Dans un contexte de pressions à la hausse exercées par le changement climatique, nourrir une population mondiale qui se chiffrera à neuf milliards de personnes d’ici l’an 2050, les questions de sécurité alimentaire et autres facteurs doit être adressé en fonction d’une base scientifique solide.

La recherche agricole sera le principal élément lorsqu’il s’agit d’améliorer la productivité et l’innovation nécessaires pour relever ces futurs défis, sans compter le rôle qu’elle aura à jouer dans le développement de nouvelles sources alternatives d’énergie propre, diminuant notre dépendance sur les combustibles fossiles.

Le Canada peut être au premier rang pour faire face à ces problèmes et à ces occasions en renouvelant et en renforçant ses efforts dans la recherche agricole par l’entremise d’une variété de disciplines, au cours des vingt prochaines années.

Pour ce faire, il faut que les gouvernements, les producteurs et l’industrie s’engagent et partagent une vision.

Il faut reconnaître le rôle que diverses parties prenantes jouent au moment de veiller à ce que nos secteurs agricoles et agroalimentaires soient écologiquement et économiquement durables tout en améliorant la santé humaine.

Nos efforts renouvelés en recherche agricole passent par la mise à exécution d’une politique moderne, à l’avant-garde de l’innovation et de la durabilité.

À titre de document vivant qui sera révisé chaque année, les piliers suivants verront à ce que les recommandations présentes et futures devant être incluses à cette politique sur la recherche agricole satisfassent aux principes fondateurs, soit :

  • Fixer des objectifs nationaux : une stratégie efficace sur la recherche agricole doit définir les domaines prioritaires de recherche, à moyen et à long terme, susceptibles de favoriser l’innovation et d’affermir la productivité. Il faut aussi mettre l’accent sur la durabilité environnementale et la promotion de la santé humaine.
  • Mettre la diversité à profit : notre secteur agricole regroupe toute une gamme de parties prenantes qui jouent des rôles essentiels dans l’orientation de la recherche. Au moment d’établir nos priorités, nous devons prendre en compte ces différences et en examiner la portée. Cela inclut les chercheurs universitaires, les gouvernements, les producteurs, les consommateurs, l’industrie et beaucoup plus encore.
  • Reconnaître les responsabilités internationales du Canada : nous devons concéder le rôle de partenariat que le Canada joue dans les efforts internationaux pour combler les besoins futurs en matière de sécurité alimentaire et pour relever les défis que le changement climatique pose.
  • Transférer la connaissance: nous devons affirmer l’importance du transfert de la connaissance aux producteurs et à l’industrie tout comme celle de la dissémination des résultats de la recherche à toutes les parties prenantes, y compris le public.
  • Promouvoir la stabilité financière : nous devons admettre la nécessité de soutenir tant la recherche fondamentale que la recherche appliquée, d’une façon stable et prévisible.

Dans le cadre de ces piliers, cette politique nationale sur la recherche (2015) porte sur cinq domaines d’actions, à savoir :

A. Établir des domaines prioritaires de recherche

B. Promouvoir la recherche interdisciplinaire et intersectorielle

C. Mieux équilibrer le financement alloué à la recherche

D. Soutenir l’innovation et l’adoption de nouvelles technologies

E. Établir de solides réseaux de diffusion de la recherche

A. Établir des domaines prioritaires de recherche

A.1. Mettre sur pied un organisme national chargé d’établir des priorités et des stratégies en matière de recherche agricole, à moyen et à long terme.

L’absence d’un organisme national chargé de faire progresser la coordination de la recherche agricole, à moyen et à long terme, a nui à la capacité de définir et de surveiller les priorités et les stratégies nationales en matière de recherche. En 2014, le Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation (CSTI) du gouvernement fédéral a identifié l’environnement et l’agriculture à titre de domaines de recherche prioritaire en ce qui a trait à l’investissement fédéral. Toutefois, le CSTI n’a pas pour mandat de faire fonction d’organisme de coordination devant rassembler de multiples parties prenantes dans un effort commun d’élaboration de stratégies à moyen et à long terme dont on a tant besoin.

Mettre sur pied un organisme national chargé de coordonner la recherche agricole et ayant pour mandat d’élaborer les domaines prioritaires de recherche à moyen et à long terme, contribuera à établir une feuille de route pour relever les défis futurs que la sécurité alimentaire et l’environnement représentent et pour devenir un chef de file mondial dans l’innovation agricole et la durabilité.

Nous devons trouver des mécanismes de définition des domaines prioritaires de recherche afin d’allouer les fonds efficacement et de pouvoir mesurer les résultats de la recherche par rapport aux priorités identifiées. Il est nécessaire d’établir un certain niveau de coordination qui rassemble un large éventail de parties prenantes nous conseillant collectivement sur les domaines prioritaires de recherche et seulement un organisme national aurait cette capacité.

A.2. Coordonner les priorités de recherche avec les parties prenantes en prenant en compte une variété d’objectifs.

Le Canada doit renforcer sa capacité de coordonner la recherche avec les parties prenantes qui font progresser un programme de recherche agricole solide pour l’avenir. Un organisme de coordination national engagerait de multiples parties prenantes dans cette tâche en tenant compte des objectifs nationaux, provinciaux, régionaux et internationaux.

La diversité des parties prenantes du secteur agricole va au-delà des gouvernements, des bailleurs de fonds, des universitaires et des producteurs. De nos jours, les consommateurs d’exportations agricoles sont éduqués et exigeants. Leurs points de vue sur la santé humaine, végétale et animale ainsi que sur celle des écosystèmes et de l’environnement continueront d’avoir un impact sur le secteur d’une manière qu’on n’aurait jamais pu imaginer il y a cinquante ans.

Un organisme national de coordination performant reconnaîtrait qu’en réalité, de nos jours, l’agriculture et la recherche agricole reposent sur la confiance du public pour réussir.  L’organisme de coordination entretiendrait notre licence sociale en faisant participer les diverses parties prenantes à l’identification et à la surveillance des préoccupations sociales et des attentes en ce qui concerne l’agriculture.  Un tel organisme rechercherait des moyens de répondre à ces préoccupations et à ces attentes par l’entremise de la recherche de base et du développement de nouvelles technologies.

A.3. Accroître l’investissement public dans les grappes de recherche.

Dans un cadre global de coordination, les grappes de recherche devraient être mieux soutenues financièrement.

B. Promouvoir la recherche interdisciplinaire et intersectorielle

B.1. Prioriser la recherche agricole interdisciplinaire et intersectorielle qui réponde à des objectifs de recherche à moyen et à long terme.

Une recherche interdisciplinaire qui rassemble une variété de disciplines scientifiques pour planifier mutuellement et déployer des efforts collaboratifs, et une recherche intersectorielle qui réunit différents secteurs pour planifier et déployer des efforts sont indispensables à la création de systèmes alimentaires plus respectueux de l’environnement et qui favorisent la santé humaine.

Il faudrait prioriser davantage les deux méthodes de recherche si nous voulons atteindre les objectifs de recherche agricole à moyen et à long terme. Le développement permanent de biocarburants et l’agriculture de précision ne sont que deux exemples de domaines de recherche dans lesquels une approche interdisciplinaire et intersectorielle élargie est nécessaire.

B.2. Assurer un financement stable à plus long terme.

Un financement stable à long terme, issu de plusieurs sources, y compris les gouvernements, l’industrie et les producteurs, ainsi que le co-financement d’autres disciplines de recherche, est nécessaire pour assurer la réussite et un plus grand retour sur l’investissement pour les partenaires.

B.3. Faire participer les parties prenantes non financières à la promotion du soutien pour l’investissement public dans la recherche agricole.

Les partenariats réussis bénéficient mutuellement aux partenaires financiers et aux parties prenantes non financières comme les agriculteurs et les consommateurs. Un solide programme de partenariats interdisciplinaires et intersectoriels doit faire participer les parties prenantes non financières à la promotion du soutien public essentiel à l’investissement public dans la recherche agricole. De même, les partenariats de recherche internationaux doivent faire une place à l’apport de parties prenantes non financières comme les agriculteurs locaux et les peuples autochtones.

B.4. Promouvoir une plus grande collaboration.

La recherche interdisciplinaire et intersectorielle reconnaît que la technologie et l’innovation jouent un rôle important dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement agricole. Il existe une forte corrélation entre la recherche fondamentale/pure et l’avancement de la technologie qui bénéficie à tout le secteur. Un programme de partenariats interdisciplinaires et intersectoriels solide doit promouvoir une plus grande collaboration entre les chercheurs en recherche pure et ceux en recherche appliquée ainsi qu’entre les chercheurs, les agriculteurs et l’industrie.

C. Mieux équilibrer le financement alloué à la recherche

C.1. Améliorer les modèles de financement qui favorisent un investissement équilibré dans la recherche.

La recherche de base (fondamentale/pure) est le moteur de l’innovation et de l’application commerciale. Une stratégie en matière de recherche qui favorise les priorités à moyen et à long terme et qui soutient de plus grandes initiatives de recherche interdisciplinaire et intersectorielle exige qu’on équilibre le financement de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée.

La recherche agricole au Canada est financée par des sources publiques, corporatives et des industries dirigées par les producteurs. Par conséquent, elle répond à une variété d’intérêt. Les gouvernements sont considérés comme les principaux investisseurs dans la recherche agricole fondamentale dans des domaines traditionnellement sous-desservis par le secteur privé, en particulier ceux qui ne génèrent pas de résultats commerciaux à court terme.

Afin de relever nos défis à long terme, la recherche agricole a besoin d’un soutien gouvernemental plus stable et plus prévisible, à la fois aux paliers fédéral et provincial. Dans un même temps, une stratégie plus solide lorsqu’il s’agit de coordonner les priorités de recherche et des stratégies visant à réduire les risques de dédoublement s’avèrera plus efficace. Cela se traduira par un meilleur retour sur l’investissement de l’appui du gouvernement.

Des mécanismes concrets pour améliorer les modèles de financement de la recherche fondamentale doivent être révisés par les parties prenantes afin de développer des mécanismes de financement prévisibles et stables, à long terme, pour les priorités de recherche fondamentale identifiées.

C.2. Fournir des incitations en ce qui concerne la conversion d’installations de recherche publiques inutilisées en centres d’excellence de la recherche agricole.

Les fermes expérimentales et les centres de recherche agricole publics du Canada ont été à l’avant-garde de la découverte scientifique. Au cours des dernières années, certaines stations de recherche agricole soutenues par le gouvernement ont été fermées et des installations ont été mises au rancart ou vendues.

Les gouvernements devraient envisager des incitations financières à l’intention des parties prenantes agricoles pour rénover et convertir, lorsque cela est possible, les espaces non utilisés en centres d’excellence spécialisés en recherche agricole.

C.3. Traiter de la capacité de recherche du Canada en déclin par l’entremise d’un plan ciblé pour attirer et retenir les chercheurs agricoles.

Le premier Fonds d’excellence en recherche du Canada, annoncé dans le budget fédéral de 2014 peut contribuer à résoudre certains des problèmes auxquels le Canada est confronté lorsqu’il s’agit d’attirer des chercheurs agricoles.  Toutefois, les programmes de recherche doivent être financés sur des périodes de temps plus longues non seulement pour attirer, mais aussi pour retenir les scientifiques, les techniciens et les adjoints de recherche.

En outre, le Canada fait face à de grandes difficultés en ce qui concerne la planification de la relève en raison de la retraite imminente de scientifiques chevronnés non seulement dans les installations de recherche gouvernementaux, mais aussi dans les établissements d’enseignement post-secondaires.

Il faudrait effectuer une étude du marché du travail axée spécifiquement sur le secteur de la recherche agricole canadien, public comme privé, pour déterminer l’ampleur des problèmes au chapitre des ressources humaines dans le secteur au cours des quinze prochaines années. Il faudrait mettre au point un plan d’action ciblé pour attirer et retenir des chercheurs dans le secteur.

D. Soutenir l’innovation et l’adoption de nouvelles technologies

D.1. Créer des occasions encourageant une plus grande collaboration entre les chercheurs en recherche pure et ceux en recherche appliquée.

Un modèle d’agriculture durable nécessite qu’on investisse dans les nouvelles technologies afin d’améliorer notre capacité d’adaptation aux effets du changement climatique. D’une meilleure intendance de l’eau et de la vermine à une gouverne agricole plus efficace par l’entremise de systèmes de gestion de l’information de l’agriculture de précision, une collaboration entre les chercheurs en recherche pure et ceux en recherche appliquée est requise pour stimuler l’innovation dans ce domaine.

Les établissements d’enseignement postsecondaires du Canada peuvent montrer la voie. Les universités et les collèges doivent coopérer pour mettre en place des structures efficaces qui favorisent une plus grande collaboration permanente entre les chercheurs en recherche pure et ceux en recherche appliquée.

D.2. Soutenir la diffusion de l’analyse des « pratiques exemplaires » dans les partenariats publics-privés.

Les partenariats publics-privés et les partenariats publics-privés-producteurs sont répandus dans le secteur de la recherche agricole. Chaque partenariat est unique et comporte ses propres risques. Pourtant, chacun d’entre eux fait face à des défis similaires, y compris mais sans s’y limiter :

  • Sécuriser le financement
  • Mettre en place des mécanismes de reddition de comptes et de transparence administrative
  • Assurer la clarté sur les questions de propriété intellectuelle
  • Communiquer les résultats

Même si chaque partenariat est unique, chacun d’entre eux pourrait bénéficier d’un vaste partage de l’analyse des pratiques exemplaires au sein du secteur. Ainsi, les nouveaux partenariats seraient plus efficaces et cela encouragerait la mise sur pied d’autres partenariats.

D.3. Rationaliser les processus de reddition de comptes administratifs.

La nécessité de veiller à ce que le maximum de financement d’un partenariat soit destiné à la recherche doit être équilibrée par le respect de la responsabilité envers les partenaires financiers. Ceux-ci devraient collaborer pour rationaliser les exigences de consignation au dossier qui satisfassent aux obligations, sans surcharger l’administration du partenariat.

Le dédoublement et la complexité des rapports grugent les ressources financières consacrées à la réalisation de recherche véritable. Les gouvernements peuvent donner l’exemple en faisant en sorte que les fonctionnaires fédéraux travaillent de concert avec les fonctionnaires provinciaux pour normaliser les exigences de faire rapport imposées par le gouvernement. Cela comprend réduire la complexité des rapports et éliminer le dédoublement susceptibles de décourager la création de partenariats. De même, les universités impliquées dans des partenariats devraient prendre des mesures visant à rationaliser leurs mécanismes de consignation au dossier.

E. Établir de solides réseaux de dissémination des connaissances

E.1. Mettre en place des mécanismes efficaces et accessibles pour disséminer des résultats de la recherche courante et les résultats éventuels.

Le Canada doit développer des moyens efficaces de dissémination de la recherche agricole courante et des résultats éventuels. Présentement, notre secteur est isolé. Diverses recherches sont dévoilées à différents auditoires. Par exemple, les groupes de producteurs informent leurs parties prenantes, les revues scientifiques publient leurs recherches à l’intention de leurs réseaux et les conférences axées sur la recherche rassemblent les gens pour partager l’information. Des possibilités de partenariats plus larges nous échappent et les risques de dédoublement sont élevés.

Il faudrait effectuer des consultations sur la façon dont nous pouvons disséminer plus efficacement l’information à un plus grand nombre de parties prenantes agricoles.

E.2. Collecte de données et pratiques exemplaires sur l’adoption de développement de l’innovation et de la technologie agricole.

Il n’existe pas de chemin tout tracé qui indique comme faire progresser la recherche agricole au transfert de connaissances à l’utilisation de nouvelles technologies. Jusqu’à récemment, des services d’extension agricole ont contribué au transfert des connaissances de l’innovation directement au producteur.

Pour améliorer l’adoption de la recherche et le retour sur l’investissement, il est essentiel de comprendre les raisons pour lesquelles une technologie est utilisée ou non. Collaborant avec les producteurs et l’industrie, le gouvernement devrait collecter systématiquement et continuellement des données sur l’adoption de l’innovation et de la technologie agricole.

Une approche plus coordonnée afin d’identifier les pratiques exemplaires en ce qui concerne l’adoption de l’innovation et de la technologie agricole devrait être élaborée en conjonction avec les parties prenantes appropriées.

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